vendredi 31 décembre 2010

On s'est donné Rendez-Vous...





Ce soir, c'est LE grand soir. On s'est toute pomponnées, on a toutes sorti nos petites chaussures à talons, on est toute surexcitées, parce que ce soir, c'est une soirée spéciale retrouvailles. ça fait un bail qu'on ne s'est pas vues toutes ensembles, et bloquer une date commune a été un véritable parcours du combattant. Mais ce soir, tout ça, c'est oublié parce que ça y est, c'est le soir R, et elles m'ont manqué mes bichettes

Plantée comme un piquet devant le Macdo, le cadeau dans les mains, je vois d'abord débouler une véritable furie qui rate un créneau plus facile qu'un lancer de dés, avant de repartir de plus belle dans un furibond crissement de pneus. Mais oui, c'est elle, cette chère C qui, de toute évidence, n'a rien perdu de sa fluide conduite automobile. Lorsque la voiture passe sous mon nez, j'ai juste le temps d'apercevoir le temps d'une fraction de seconde la mine effarée de J  sur le siège passager (vous l'avez compris, la place du mort), qui croit bien que sa dernière heure a choisi de sonner, mais qui n'a pas l'air trop d'accord avec ça. 
Mais voilà M qui revient, toute pimpante. Elle vient de se taper l'affiche sur le parking du ciné, pour changer, parce qu'elle a profité que C passe devant elle pour faire la mégère et lui râler dessus d'un air vipereux.  Le problème étant que "je vous jure, tous ces gens dépourvus de second degré, c'est pas croyable", l'ont regardé un peu bizarrement, un peu surpris de l'excessive réaction d'une si élégante demoiselle qui s'y croit un peu pour houspiller avec virulence une pauvre automobiliste, qui se surcroit, n'a rien fait.
Nous en sommes là du déroulement de la soirée, quand, après plusieurs tentatives de stationnement  infructueuses, les voilà, C et J, toutes mignonnettes dans leur petites robes et avec leur nouvelle coupe qu'elles arborent fièrement en pleurant sur leur chevelure d'antan.

Et ça ricane, et ça jacasse, et ça parle tout le monde en même temps, et on a tellement de trucs à se raconter qu'on ne sait pas trop par où commencer. 
C'est le moment que choisit A pour arriver, et on décide communément d'aller se mettre au chaud. 
C'est soir de rugby, alors ya de l'ambiance dans le restau. Nous on s'en fou, parce que l'ambiance, on l'a déjà, et de toute façon on a tellement envie de passer une bonne soirée que même si le tournedos de lotte n'est pas terrible, il nous en fait plus pour nous mettre de mauvais poil. 
On fait un tour de table, on se raconte un peu les derniers potins, on parle exams (un peu) et mecs (beaucoup), on se sent limites pompettes même si on n'a pas encore pris l'apéro, et quand la serveuse prend nos commandes elle nous toise d'un air supérieur qui nous agace un peu. 

Enfin arrive le tour de A de nous raconter sa vie. C'est après nous avoir raconté les aventures de son voisin schizophrène pendant vingt bonnes minutes, qu'elle termine d'un air désinvolte :
"Ah oui, et sinon... Bah je me suis fiancée!"
Et vas-y qu'elle brandit sous nos yeux ébahis une pierre grosse comme un œuf, avec la mine toute réjouie de quelqu'un qui a réussit son petit effet.
Je ne vous raconte pas l'émotion de ce moment si spécial : les premières fiançailles de notre groupe. Mes amies du lycée quoi. Le coup de vieux. Violent. 
La nouvelle fait l'effet d'une bombe. On ne peux plus arrêter de s'extasier sur la bague, et "est-ce qu'il s'est mis à genou?", et "tes parents, ils ont dit quoi?", et pioupioupiou et blablabla.

Ensuite, on est allé boire une pinte ou deux pour fêter ça, et un shooter ou quatre pour être un peu joyeuses, et on a terminé la soirée en beauté en matant des gens "un peu échangistes" se rouler des pelles à quatre, en prenant des airs outrés et en ricanant bêtement.

Enfin bref, c'était bien cool.


Beattles - Hey Dude

mardi 28 décembre 2010

C'est grave, Docteur ?












Je crois que les seules personnes que je suis capable d'aimer de manière constante sont mon chien, ma famille et mes meilleurs amis. 

En ce qui concerne les relations hommes-femmes, ma capacité au sentiment est à l'image de l'onde QRS d'un électrocardiogramme, puissante, passionnée et terriblement variable, éternel reflet de l'activité électrique de mon cœur. Chez moi, l'électricité se fond dans l'émotion, et l'émotion dans la chimie, ce qui finit par donner une infâme potion un peu nauséabonde d'incompréhension et de doute à l'odeur de roussi. 

Long time ago, au commencement de ma vie sentimentale, j'ai eu tendance à reproduire un schéma répétitif, à me complaire dans ce cocon mélodramatique qu'offre l'instabilité des caractères incompris en besoin de réassurance. J'aimais ce rôle de sauveuse dont je m'octroyais les pouvoirs de bonne fée à l'âme pure et à l'oreille attentive. Emprunte de naïveté, je cherchais à être reconnue par la beauté de mes bonnes actions et la transparence de ma personne. On dit que les opposés s'attirent, c'est ainsi que j'ai commencé à me lancer inconsciemment dans cette quête d'un idéal chevaleresque dans la peau de mes bad boys fumeurs de shit.
Comme vous vous en doutez, je ne l'ai jamais trouvé. 

Quelques années plus tard, mes relations reflètent cette quête insatisfaite d'une perfection latente. Je voudrais me débarrasser de ce filtre qui me colle à la peau et me renvoie toujours les imperfections de mes relations, au lieu de me satisfaire de leurs caractères longtemps désiré. Mais quoi que je fasse, je me retrouve confrontée à ce clivage qui désunit l'abstrait incorporel ciblé par mon subconscient de cette réalité qui est mienne. Je finis toujours par me convaincre que je préfère ne pas avoir d'histoire du tout plutôt que de m'investir dans une histoire imparfaite.
C'est donc je que je fais, le plus souvent. 

C'est balot, hein?

Cocoon, On my way

lundi 20 décembre 2010

"Tu joues dans la cour des grands, maintenant"


 
Nyctalopia est devenue grande
Elle a maintenant un métier, un "chez elle" et un mec. Les trois en même temps.
Elle a déménagé sous la pluie, visité dans la neige et emboché dans le froid. C'est que le climat, ici, ça rigole pas.
Mais ce n'est pas grave, parce que cette ville lui plait. Grave. 
Elle aime la vue du balcon sur les toits de la Croix Rousse quand le soleil se couche, la lumière qui court sur le sommet du mont blanc lorsque le ciel est dégagé, elle aime les gens qui vivent ici, leur simplicité et leur gentillesse. Elle a du rencontrer trente nouvelles têtes en deux semaines, parce ses collocs ils ont une vie sociale plutôt bien remplie. Elle aime le piquant du froid sur le nez, le bipbip du métro quand il démarre, le sapin de Noël tout de mauve et d'argent vêtu, dont le scintillement fait pétiller le salon. Elle aime son appart, sa verdure, son odeur et sa vie.
Samedi, Nyctalopia a enfilé sa blouse pour aller travailler. Elle avait ce petit nœud au ventre qui vous serre l'estomac et la gorge un peu sèche. Elle est arrivée dans cet hôpital inconnu de cette grande ville inconnue, elle a rencontré des collègues inconnus et des patients inconnus. Ok, elle a un peu galéré. Mais elle a kiffé se promener avec son petit chariot, elle a kiffé qu'on ne soit plus derrière son dos, elle a kiffé faire sa vie tranquille. Mais ce qu'elle a le plus kiffé, c'est de frapper, d'entrer dans une chambre et de dire "Bonjour, je m'appelle Nyctalopia et je suis infirmière".
L'infirmière du matin lui a demandé si elle ne faisait pas de  l'eczéma à changer de vie comme ça. C'est vrai que bon, c'est quand même une expérience quelque peu stressante je vous l'accorde, amis tout semble si bien concorder que c'en est presque flippant. Comme les pièces d'un puzzle qui font que finalement, je me sentirais presque chez moi, ici. 

La vie avec des collocs est encore mieux que je l'avais imaginé, et point du tout oppressante comme je l'avais craint. Chacun a sa place, chacun est content d'être ici et finalement, ça ferait presque une petite famille.

Enfin bref, Nyctalopia a survécu et vous souhaite un Joyeux Noël. 
Mangez bien, buvez bien. 
Point de folies.
Prenez soin de vous.
Et à bientôt.


dimanche 7 novembre 2010

Vous êtes ici.

 


















ça y est

Il est arrivé ce moment, cet instant où toutes les pièces concordent. La clé de ces quatre dernières années, l'aboutissement, le bouquet final. 
Ce moment "qui viendrait bien assez tôt", qui me donnait des palpitations , celui-dont-on-ne-devait-pas-prononcer-le nom
Vous l'avez compris, j'ai nommé le Diplôme d'Etat.

Moi qui croyais que mardi soir tout irait enfin mieux, en fait, ce fut encore pire. L'impression d'avoir tout donné et quand même ce petit goût d'amertume, tant d'investissement pour une journée si longue. Le tout noyé dans une soupe de doutes, de remise en question, et arrosé d'impuissance. 

ça parait bête comme ça, c'est juste un diplôme et finalement, c'est pas si grave. Mais je crois que j'arrivais à un tel point de saturation que mes enjeux eux mêmes avaient perdu toute notion de rationalité. C'était une question de vie ou de mort, une histoire d'amitié, d'appart, de colloc et de nouvelle vie.

J'ai donc passé un certain temps à déprimer, et puis, comme cela ne m'apportait rien de particulièrement palpitant, j'ai décidé de rentabiliser le temps et de commencer à constituer mon CV et mes récapitulatifs de stages, qui, sans prétention aucune, sont irréfutablement teintés de perfection. "Quand même, que je me suis dit au bout de la quatorzième feuille de stage sans conteste dithyrambique, peut-être est-il envisageable que, finalement, je ne sois pas si nulle". 

"Mais tout de même, que je me suis dit : c'est quand même fou." On passe dans tellement d'équipes différentes, dans lequel on doit toujours être irréprochable, pas le droit d'être de mauvaise humeur, mais le devoir de faire le deuil du stage précédent, de se réadapter, d'observer chacun de ces insignifiants petits détails qui, qui sait, un jour, pourront nous être utiles. C'est dingue le nombre de données concernant les relations humaines que j'ai pu apprendre en quatre ans. On répond aux sonnettes, on fait le larbin (un peu) et on prend sur soi (beaucoup), on n'est pas payé, on apprend à piquer, on prépare des injectables, on se fait engueuler, on compte les gouttes et les pilules, on se fait regarder de haut, et pourtant. 

Pourtant pendant tous ces stages, ce qu'on apprend surtout à faire, c'est à se fondre dans la masse. 
En fait, on apprend surtout à devenir un parfait petit caméléon. 
ça, c'est acquis. N'importe où que je sois, dans n'importe quelle catégorie socioculturelle, je sais que je suis capable de m'intégrer parce que  j'ai ce réflexe d'observer et de me calquer sur les autres. Le pire, c'est que ça ne me demande pas spécialement d'effort, c'est juste naturel.

Sauf que voilà. C'est bien sympa d'être un caméléon. Mais il est de quelle couleur le caméléon en vrai ? Hein ? comment je fais, moi, pour savoir qui je suis vraiment ? Je ne voudrais pas devenir comme une chinoise qui parle d'elle à la première personne du pluriel. Je veux la garder, mon identité.
En fait, je me demande un peu si notre personnalité dépend de nous ou de ceux qui nous entourent. On est forcément influencé par les personnes avec qui nous passons du temps. Mais comment pouvons-nous déterminer les frontières de notre personnalité propre ? Le Moi et son environnement sont-ils dissociables ? 
Freud il appelait ça le Surmoi. Mais bon, je crois qu'on ne parle pas exactement de la même chose tous les deux.
En tout cas, ce que je sais, c'est que je n'ai certes pas une âme de leader, mais que je ne suis pas non plus une solitaire. J'ai besoin de cette appartenance à une tribu. En fait je suis peut être plus un loup qu'un mouton, je crois. 

Bref, encore vingt jours à attendre et vous me verrez soit venir vous raconter les aventures de Rachel dans Friends, soit pleurnicher à chaudes larmes en vous disant que ma vie est foutue. 

Hier, c'était donc la dernière soirée de promo. Un soirée au goût d'adieu, de merci et de souvenirs. Le point final d'un chapitre plutôt sympa, finalement. Je crois que c'était indispensable pour réaliser que le moment était venu de passer à autre chose. 
N'empêche, j'ai pris un sacré coup de vieux. Je me rappelle encore ce premier jour de fac de langues, le bac tout fraîchement en poche. Ce n'était pas la même Nyctalopia. Le temps est insidieux et il nous transforme tout petit bout par tout petit bout. On finit par devenir quelqu'un de tout neuf (ou de plus vieux, au choix). 
Alors, dans trente ans, on sera qui ?


Mes petits infirmiers, que vous soyez breton, ventre-à-chou ou poitevin, niortais ou parisien, d'ici ou d'ailleurs, surtout, n'oubliez pas les "ribousoumes" et les "éminemment", les montres swatch et l'accrobranche. Tout doux bijou sur les grumeaux et vive le guronzan. Quoi qu'il arrive, n'abandonnez pas votre culture mots fléchés. Soyez fiers d'avoir appartenu à la best des promos.


Mistral Gagnant

jeudi 21 octobre 2010

Un activia et ça repart.






















DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE-DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE-DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DEDE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DEDE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DEDE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DEDE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE-DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE -DE - DE


Aaaaah c'est la misère.
Je crois que je comprends enfin le sens de l'expression pétage de plombs.
Ce diplôme aura ma peau.

dimanche 17 octobre 2010

Dis, tu veux faire quoi quand tu seras grand ?




























Comme j'ai un peu la flemme de pondre un article qui ait le mérite de ne pas être trop chiant ni trop déprimant, et que de surcroit j'ai sous la main exactement THE question qui me taraude l'esprit à ce présent moment, lue dernièrement sur un blog que j'affectionne particulièrement, j'ai décidé de plagier en toute légalité puisque je cite la source et que je ne m'approprie d'aucune façon que ce soit l'article qui suit. Il est d'une vérité tellement criante, qu'il éclabousse d'évidence notre réalité à tous.
Bienvenue dans la génération Peter Pan.


( de http://tournemonmonde.blogspot.com/)
["Dis, qu'est-ce qu'on fera quand on sera grand ?" est donc ma petite troublerie existentielle du moment. Le millésime 2010 de la question-qui-fait-chier. Oui parce-que ça fait quand même quelques mois que ça me pose une sérieuse colle, cette affaire.
Pour mise en bouche, vous pouvez déjà vous délecter de l'ironique formulation de la question, que dis-je de LA question. En effet, c'est maintenant, à 22 ans passés études terminées et un vrai emploi en poche, que l'on est en droit de se demander ce qui va bien pouvoir occuper les journées de notre vie d'adulte. [...]
On notera au passage que faire choisir à un gosse de 16 ans ce qu'il veut faire de sa vie plus tard est une prouesse dont les rouages doivent être mieux gardés que la formule du Coca-Cola. Mais Les mystères de l'Éducation Nationale ne sont pas notre sujet d'études aujourd'hui, bien qu'il y ait matière à recherche. [...]
De toute façon cela importe peu puisque l'étudiant à la fac sera hypnotisé (les cours un lendemain de soirée étudiante ressemblant plus à Shaun of the Dead qu'au Cercle des poètes disparus) au point que quelle qu'en ait été l'issue du "choix" du Collège, on se retrouve dans le même bateau.
Et ce bateau, c'est un peu le FanxBoat de l'emploi : tout le monde se dispute sa place à l'intérieur, bien qu'il soit trop petit pour accueillir l'ensemble des désireux simultanément. On est donc d'un seul coup, catapulté de notre siège au fond de la classe (sur lequel on pouvait dormir all day long sans conséquences) à la file d'attente de l'ANPE (où il est plutôt difficile de tenir en équilibre un lendemain de cuite). Bon, qu'on trouve un taf ou pas de toute façon le problème est là : il faut bosser. Il faut se lever tous les jours et faire tous les jours la même chose, supporter un patron et des tâches au sex-appeal franchement pas 2.0, tout ça pour pouvoir enfin voler de ses propres ailes et aspirer à une vie unique... et semblable à des dizaines de millions d'autres.

Bon là on marque une pause, puisque vous devez certainement pressentir le billet de fénéant qui se plaint parce-qu'il ne veut pas bosser. Pour ma défense : OUI, c'est exactement ça. Vous êtes en train de lire la complainte type du jeune-qui-veut-des-tunes-mais-sans-travailler. Toujours est-il que ce caprice est Mon caprice, et qu'on ne se refuse pas un petit caprice des Dieux.

Reprenons : il faut donc bosser, oui.  A partir de ce jour, vous allez devoir vivre le restant de votre vie en faisant exactement la même chose qu'aujourd'hui, à quelques détails près. Et ce pour, sauf si vous êtes chanceux, vous offrir deux sorties par mois et deux semaines de vacances par an, entassé sur une plage du sud de la France en compagnie de milliers de touristes dans votre cas. Après tout, nos parents y arrivent alors pourquoi pas nous ?

Nous, on n'a pas encore perdu nos rêves de gosses. On croit encore qu'on va faire cosmonaute, pirate ou ninja, joueur de foot professionnel, dessinateur de BD ou chanteur dans un groupe de rock. Et que de toute façon on sera riche, qu'on aura plein de potes qu'on verra tout le temps, et qu'on fera la fête. Sauf que plus que face à n'importe quelle conseillère d'orientation du monde, c'est aujourd'hui, à cette période charnière entre la fin des études et le début de l'emploi, que l'on prend conscience que tout ça c'est comme le Père Noël. Non, je ne serai pas dessinateur ou aventurier. Non, je ne serai pas riche et célèbre. Et oui, il faudrait que j'arrête de faire la fête tous les soirs maintenant.
Mais je n'en ai aucune envie ! Je veux siroter des cocktails fluorescents sur une plage de sable blanc ! Je veux voyager autour du Monde et faire la fête dans chacune des capitales de cette vieille terre ! Mais au lieu de ça, il faut faire comme tout le monde, c'est à dire pas grand chose. L'avenir, tout aussi réussi professionnellement parlant soit-il, eh bien il est d'un ennui à mourir. Il fait pas envie, l'avenir. Être une grande personne ça suxx à mort, à moins d'être pété d'tunes. L'argent ne fait pas le bonheur, tonton Walt et ses copains nous l'ont très bien appris dans les dessins animés. Mais ce qu'on ne nous a jamais dit de façon explicite, c'est que l'argent il fait la différence. Par exemple, la différence entre le mec qui fait du stop et celui qui roule en Merco SLK. Ou la différence entre celui qui bosse 8 heures par jour pour nourrir ses gosses, et le gossderishqui se nourrit 8 heures par jour avec l'argent de son pôpa. Putain, le problème n'est pas la tune ! Non, je ne suis pas obsédé par l'argent et oui, je me fous d'être riche !
Condamné à de toute façon ne pas pouvoir vivre une vie d'enfant toute sa vie d'adulte, et ce uniquement parce-que nos parents n'ont jamais eu la bonne idée de devenir riches, on est maintenant bien obligés de bosser. Insatisfait comme je le suis, je passe le plus clair de mon temps à travailler à l'imagination d'un plan de secours plutôt qu'à l'acceptation de ma condition de citoyen de la classe moyenne. Et en attendant d'avoir trouvé l'idée miracle, tout ce que l'on peut faire c'est se dire qu'il est bien loin, le temps des parties de billes dans la cour de récré en s'imaginant un jour avoir des super pouvoirs. ]


Et vous, qu'est-ce que vous voulez faire quand vous serez grands ?
 

dimanche 10 octobre 2010

Amo-Amas-Ama

























"Grâce à lui, j'avais découvert les ressources infinies de mon corps, mais pour le reste, les ressources infinies de mon âme, j'étais moins avancée. Je souffrais, dans le secret de moi-même, de ne pas savoir qui j'étais. J'éprouvais, sans le formuler, un solide mépris mon cette fille qui ne savais pas dire "moi" ou "je", sans hésiter, sans changer de ton, de conduite, de personnalité. J'oscillais sans cesse entre le lutin charmant, la guerrière dure à cuire, la petite fille abandonnée et la princesse endormie qu'un prince breveté viendrait réveiller et emporter sur son cheval fringant.
J'étais la première à me perdre dans mes dédales intérieurs, et j'en voulais pêle-mêle à moi-même, à mes amants et au monde entier. J'amassais, au fil de mes égarements, une pelote de haine lustrée qui ne demandait qu'à se dévider. Si, vu de l'extérieur, je ressemblais à une jeune fille appliquée et gentille, le champ de ruine qui formais mon jardin secret avait de quoi me décourager et me donnait envie de mordre tout animal qui m'approchait de trop près."

[...]

"Aimer... ce mot bateau qui prend l'eau de partout. Même le petit Robert y perd sa clarté. C'est quoi Aimer ? Quel est le "Je" qui dit "Je t'aime"? A qui s'adresse-t-il ? Que demande-t-il en échange ? Ou bien est-ce gratuit ? Le serment d'une seconde ou d'une éternité ? Une bulle de trois mots qui crève lors d'une étreinte réussie, d'un manque comblé, d'un rêve d'enfant exaucé ? Et d'où nous vient notre manière d'aimer ? Sommes-nous les seuls ouvriers de cet échafaudage branlant ? Qui a mis en place les traverses et les boulons, les poulies et les planches où nous avançons en aveugles tâtonnants, persuadés d'être libres et conquérants?"

[Katherine Pancol - J'étais là avant]

Et si je vous demandais quelle est, pour vous, la définition de l'amour ?

Est ce que c'est : "Enfin, je sais"?

Est ce que c'est : "Toujours" ?

Est ce que c'est : "Sans toi, je ne sais pas ?"

Où est-ce que c'est quand  sans l'autre, sa vie perd tout son intérêt ? 

"L"amour, c'est quand l'autre vous regarde, pose son regard sur vous et voit, au fond de vous, des pépites que vous ignoriez, les exhume et vous les apporte. Pour vous enrichir, vous agrandir, vous rendre libre. Le regard d'amour qui fait de vous une autre, vous donne de grands espaces où galoper ivre de fierté. Je suis moi et je suis quelqu'un de formidable parfois, de moins formidable d'autres fois. "

L'amour, c'est quand l'autre nous accepte tel que l'on est.

Alors, pour vous ça veut dire quoi, Aimer ?

Mika - I see You

samedi 9 octobre 2010

Vie-et-liesse





















On sait qu'on vieillira tous, un jour. Et d'ailleurs, on vieillit, chaque jour. à chaque minute qui passe, à chaque moment qu'on partage ou qu'on perd, qu'on aime, qu'on rie ou qu'on pleure, on vieillit. 

On le sait, ça. On le sait mais on se dit qu'on a le temps, que c'est pas pour tout de suite, parce qu'en fait on a pas trop envie d'y penser. C'est même pas qu'on a peur de vieillir, c'est plutôt qu'on n'arrive pas à se projeter dans la vieillesse. Il nous manque cette capacité d'imaginer un futur qui ne ressemble pas à l'être humain du présent.
Pourtant, on arrive quand même à s'imaginer Papa ou Maman. Ou Chômeur, ou Riche, ou Instit, ou Peintre
Mais Vieux, non. 

La maison de retraite ou je travaille en ce moment, elle est pas mal pourtant. C'est plutôt le gratin des vieux. Des gens qui, théoriquement; ont plutôt réussis dans la vie, ou, du moins, financièrement.
Quand je vois le prix qu'ils payent pour être là, je me dit que vu la retraite qu'on aura, nous quand on sera vieux, bah on a peut être raison de ne pas trop y penser, finalement. Peut être qu'ils feront des ghettos pour vieux parce qu'ils ne sauront plus trop où les mettre. Remarquez, y a déjà des endroits qui ressemblent un peu à ça. Nous on sera en surnombre, on soulera tout le monde et plus personne ne voudra s'occuper de nous, ce sera encore pire que maintenant.

C'est vrai, finalement, un vieux, ce n'est plus productif, c'est périmé, ça ne sert à rien, alors bon. Pourquoi on s'embêterait ? On met des millions pour sauver les banques parce que c'est plus important l'économie. ça n'a pas de coeur qui bat mais c'est un investissement à long terme. Alors que le long terme d'un vieux, je vous accorde qu'il est un peu plus limité.

Quand on est vieux, on est vulnérable, on ne peut plus se défendre et les autres décident pour nous, on perd la boule, on devient moche et on est malade, on porte des couches et on est tout seul parce que tout les autres sont morts. Les enfants, il viennent de temps en temps mais parfois on sent bien qu'on ne se comprend plus tout à fait. ça, c'est quand on peut encore tenir une conversation, parce que sinon on soule tout le monde et plus personne ne veut venir nous voir.

Tout le monde s'en fou des vieux dans ce pays. C'est révoltant. 

C'est vrai, finalement, ça dérange la vieillesse. ça nous renvoie à nos propres limites, parce qu'on sait qu'un jour, ce sera notre tour. Peut être que les progrès de la médecine, finalement, ça nous pousse jusqu'à des moments où on est encore en vie biologiquement parlant, mais ou notre vie est terminée, en fait. à des âges où ce n'est pas très naturel d'être encore vivant. Où on attend juste de mourir.
Maintenant, on vit vieux, mais à quel prix ?
 

Bon alors... Je ne suis pas sûre de vouloir le savoir, mais c'est trop tard. 

D'après vous,  quand je serai vieille, j'aurai quelle tête ... ?
(Bon, je vous passe les détails du relookage chimpanzé ou bourré, que je juge quelque peu inutile et inapproprié au sujet.)





























... Et vous ?



Le vrai mal de la vieillesse n'est pas l'affaiblissement du corps, mais  l'indifférence de l'âme. 
André Maurois


Alice Lewis - Parachute

mercredi 6 octobre 2010

Flemme et Gris Souris.

















On se réveille le matin, il fait encore nuit noire et on entend la pluie qui tombe dehors. Qu'est ce qui se passe ? C'est quoi ce hurlement? Ah oui, c'est  notre cher réveil qui nous rend son service quotidien. Alors on se tire du lit avec difficulté, les yeux encore collés, le filet de bave au coin de la bouche. Les cheveux mis n'importe comment et la tête à l'envers, on obéit pourtant à cette petite voix qui nous guide jusqu'à la douche, qui nous déshabille dans un frisson blanc comme le carrelage glacé de la salle de bain, qui nous engloutit dans une gorgée de café brulant. On ne réfléchit pas, on exécute. Parce que c'est comme ça qu'on fait. C'est comme ça que tout le monde fait.

L'élan vital, c'est qui ce mec ? Qu'est ce qui nous oblige à nous lever le matin, à ne pas rester toute la journée sous la couette à mater des émissions débiles ? Et pourquoi on obéit à la loi contre-nature du travail ?
Parce que c'est comme ça. Parce qu'on veut faire quelque chose de sa vie. Avoir des sous, avoir un appart, avoir une vie comme les autres. Parce que ne rien faire, ce n'est pas naturel non plus.
Alors on rejoint le tourbillon des autres qui, comme nous, font comme les autres. On se joint à eux dans les embouteillages de huit heures, dans la cohue des supermarchés, dans les méandres d'internet et dans les soirées trop arrosées. On aime pas ça, pourtant. On râle, on peste, on dit quelle bande de cons, et on oublie un peu qu'on en fait partie. 
Il y a des gens positifs, qui n'ont rien remarqué ou qui font semblant. ça doit être cool, d'être positif, ou d'être naïf, je ne sais pas trop si c'est pareil. Moi j'aimerais bien être optimiste, mais je n'y arrive pas.  Je passe ma vie à surfer entre mes phases up et mes phases down. Mes phases up, je les aime bien, c'est des moments où j'ai l'impression que rien ne pourra jamais m'atteindre. Que mon destin est tout tracé, que c'est sûr, je vais être heureuse, entourée de gens toujours de bonne humeur et en bonne santé. Je dois avoir des pics d'endorphine, c'est peut être ça qu'ils ressentent, les héroïnomanes. 

Et puis, il y a d'autres moments dans lesquels j'essaye de ne pas voir tout en noir.  De chasser ces doutes qui engourdissent mon élan vital.
Reviens, élan vital ! Je veux retrouver tes petites joies simple, je veux rire d'une blague pourrie et je veux apprécier un sourire ou l'odeur d'un livre neuf. Je veux rêver ma vie et vivre mes rêves. je veux faire des projets, et qu'ils soient partagés. Je veux combler ce vide qui semble faire partie de moi, parfois. Je veux déborder à grands remous d'énergie, d'énergie positive et je veux en inonder les autres.
Je veux faire quelque chose de ma vie, quelque chose de bien. Je veux arrêter d'avoir peur de vieillir, parce qu'à 22 ans, ça craint. Je veux profiter de ma jeunesse, de chaque minute  qui passe, et je veux me shooter au bonheur.

Alors je me demande si la lucidité c'est une contrainte au bonheur ? Est ce qu'on n'est pas mieux dans l'illusion ?
Pourtant je ne suis pas malheureuse non plus. J'ai tout ce qu'il faut pour être bien. C'est pour ça que je me sens super bête, je veux pas faire ma Cosette. Je me rends compte que tout mon noir, c'est moi qui me le créé. Peut être que j'ai pas assez de problèmes, ça me permettrait d'apprendre à me battre, un peu. à positiver. ça ne me ferait pas de mal, de me mettre du plomb dans la cervelle. De comprendre que tout n'est pas dû et que tout peut s'envoler, aussi.
Mais j'ai l'impression que tout ça ne sert à rien. Que c'est une comédie, et que  tout le monde fait semblant. Que tout peut s'arrêter d'un moment à l'autre. Que de toute façon, on croit aimer, mais on n'aime pas vraiment, et que si la personne n'avait pas été la on aurait vécu autrement et puis c'est tout.

Il y a ceux qu'on remarque parce qu'ils ont "un pas qui domine le monde". Et puis il y a les autres,  toutes ces âmes, baillonnées par leur élan vital, muettes et rendus sourdes. Toutes les âmes de ceux qui ont l'impression de ne plus avancer, mais qui s'épuisent parce qu'ils n'ont pas le choix. C'est ça, la vie.
Et tout ce petit monde passe son temps à se torturer pour savoir s'il est à sa place, et pourquoi ci, et pourquoi ça, et pourquoi il n'a pas trouvé l'amour, et pourquoi la crise, et pourquoi la guerre, et pourquoi la vie.

Mais putain, la crise vous voyez pas qu'elle est dans votre tête ? Qu'est ce qu'on s'en fou de la crise! Tout ce qu'on veut, c'est être heureux. Tout ce qu'on veut, c'est être regardé.

Regarder : faire en sorte de voir, s'appliquer à voir quelqu'un ou quelque chose. signification intellectuelle ou morale exprimant le fait de prendre en considération, d'accorder toute son attention. Dérivé de garder : "veiller", "prendre garde à"

Il y a des jours, comme ça, où j'ai juste "pas envie".

Ben's Brother - I am who I am

samedi 2 octobre 2010

Y'a pas de l'écho... ?


















Aujourd'hui, j'ai fait un triste constat. 

Vous avez déserté. 

Fini les commentaires enflammés, fini les déclarations d'amour passionnées.
On dit que le succès ne dure qu'un temps. Celui de ce blog est probablement révolu.

Aujourd'hui, je dois me rendre à l'évidence. Je me suis faite larguée par mes lecteurs.


Si c'est pas triste ça.




Bonobo - Kota

jeudi 30 septembre 2010

Retour vers le futur...












C'est un couple qui ressemble à n'importe quel couple. La femme, elle est jolie, même très jolie, même pas maquillée sur une table d'accouchement. Le mec, il est pas mal non plus, un peu espagnol et un peu stressé aussi. C'est normal d'être stressé, dans très exactement deux heures il n'aura plus seulement une voiture et un chien, il aura aussi un fils qui fera pipi, caca, areuh et ouin. Alors forcément, ça doit probablement le retourner un peu de penser à des choses comme ça.

Pour le moment, il se contente de vaporiser de temps en temps le visage de sa bien aimée, en lui murmurant des mots d'encouragement à l'oreille. Entre les contractions, elle se calme, elle respire, elle parle. Elle nous raconte la chambre du bébé, le magnet derrière la voiture et le siège auto installé depuis deux jours. Elle parle pour combler le vide parce qu'elle a peur, un peu. Mais elle est quand même obnubilée par ça, ne peut s'empêcher d'imaginer le moment magique où elle pourra le tenir dans ses bras. Pour le moment, elle s'inquiète aussi un peu. " Tu regarderas pas, hein ?" qu'elle lui dit.

Et puis il a oublié l'appareil photo dans la voiture, alors, comme elle le supplie, il part en courant. Il dit qu'il n'est pas garé loin, qu'il faut qu'elle l'attende. Il doit y aller deux fois, parce que la première, il n'a pas regardé dans le sac noir qui est sur la banquette arrière, à côté du cosy. Je vous le disais, il est un peu stressé. Et puis, il revient enfin, tout essoufflé et tout rouge, et cette fois il était temps parce que c'est bel et bien l'heure. La pauvre, elle n'a pas pu avoir de péridurale parce qu'elle est arrivée trop tard, alors elle douille. Entre deux contractions, elle souffle, et elle nous dit d'un air un peu abattu : "Bon, aller, on va pousser". Le papa, il est à fond, et à deux doigts de tomber dans les pommes. Il lui tient la main et il lui dit "Aller, on pousse ! On pousse ! Tu es la meilleure ! Aller pouuuuuusse ! Ouiiii !" et il pousse, pour lui montrer qu'il l'accompagne jusqu'au bout. ça me donne envie de rire, et c'est un peu émouvant aussi. Quand la première mèche de cheveu apparaît, il a déjà les larmes aux yeux. La maman, elle, commence à faiblir. C'est que ça a vraiment pas l'air agréable, d'accoucher. Limite on a envie de pousser pour elle, pour l'aider un peu. Et puis ça dure un peu, pas si longtemps mais je suppose que quand on a l'impression de se déchirer de l'intérieur, les minutes doivent passer relativement lentement. Elle n'en peut plus, ça se voit. Mais elle continue (de toute façon pas trop le choix.)

Et puis, ça y est. Enfin. La tête sort, et puis l'épaule, et puis le corps.

Et c'est là que le miracle se produit. Elle a tout oublié, toutes les misères qu'elle a eu. Tout ce qui compte pour elle, c'est le bonheur merveilleux de serrer son bébé qui était encore en elle une minute auparavant.

"Oh mon amour, tu es si beau !" Et le néo-Papa, qui répète d'un air hébété :"mon fils... mon fils"

"Oh Chéri ! C'est quand même incroyable, vraiment incroyable qu'on soit capable de faire quelque chose d'aussi beau ! Tu ne trouves pas ?"

"Oh oui, c'est incroyable. Et c'est incroyable comme je t'aime. Oh là là, qu'est ce que je t'aime !"

Le papa lève son visage inondé de larmes pour me tendre l'appareil photo. Et moi, toute pleine de larmes aussi, je m'improvise photographe.Et le bébé, il est médusé et regarde autour de lui avec ses grands yeux noirs en se demandant dans quel drôle de monde il a bien pu atterrir.

Et devant ce tableau du parfait amour, on est cinq pauvre gus à sangloter dans une salle d'accouchement. Eux encore c'est normal parce que c'est leur vie et en toute honnêteté il n'ont pas l'air de l'avoir trop ratée, mais nous, franchement on a l'air un peu débiles.

Mais rien que pour un moment comme ça, on se dit qu'on fait quand même un métier génial.

Et puis, peut être que ça nous permet de vivre un peu par procuration, aussi ? *


"Tu en es là. Tu décides que le temps de l'éternelle adolescence est fini et qu'il est temps de grandir. Et tu grandiras. Et alors tout change. Et cette fois, les choses vont changer. Tu auras une maison plus grande, une piscine, un garage double et une pelouse toujours impeccable. Un patio fleuri et de belles plantes vernies. Un chien que tu appelleras Marx et un bateau que tu baptiseras Julia. Tu auras une assurance santé, une assurance vie, un réfrigérateur toujours plein pour ne pas te sentir pauvre, et des fenêtres qui laisseront toujours entrer le soleil. Et alors tu auras une famille heureuse, deux enfants en bonne santé, et elle, tu l'auras elle, qui te rappelleras toutes les belles choses que tu auras eu. Ce n'est pas ce dont tu as toujours rêvé ?"

(Juste un baiser, 2001)

vendredi 24 septembre 2010

re-pend toi.























Aujourd'hui, j'ai été faible. Oui, aujourd'hui j'ai besoin de me confesser, c'est pourquoi je prends mes mots et mes regrets pour vous faire part de ma plus consternante humilité en quête de votre indulgente absolution.

Tout à commencé hier, jour de repos savoureux au goût de paresse et d'inactivité physique, ce qui ne m'empêcha cependant pas d'ébaucher les grande lignes du plan de ma soutenance de mardi (en passant, si vous pouvez faire une petite prière pour moi, ce serait gentil), c'est déjà ça, vous me direz. Ouais, sauf que je bosse ce week end (moi) et qu'en fait, du temps à perdre je ne vais pas en avoir à foison d'ici là. Et puis,  comme à mon habitude, je suis une personne si organisée et si prévoyante, qu'il est vrai que, malgré mon apparente sérénité, elle commence un peu à me prendre la tête, cette soutenance.

Bref, vous l'aurez compris, rien de tel qu'une petite soirée tranquille pour se changer les idées et prendre un petit bol "d'oxygène" avant le dur week end qui s'annonce. 
Alors, lecteurs, suspendus à mes lèvres, avouez que vous n'en pouvez plus ce cet insoutenable suspens. Que s'est-il passé ? quel crime abominable Nyctalopia a-t-elle pu bien commettre ?

Et bien voilà, un verre et puis deux et puis trois, et puis plus l'habitude, et puis le vélo qui déculpabilise bien quand on boit un verre de trop. Et voilà que je commence à ricaner bêtement, ça faisait longtemps.

Bilan de la soirée au réveil : des cernes jusqu'aux commissures des lèvres, un teint un peu blafard et une tête comme un melon (au sens premier du terme, soyons clairs : elle est louuuurde, si lourde). Je me vois bien arriver comme ça cet après midi, tiens : "Bonjour, c'est pour une prise de sang ? oops, désolée je vous ai raté, j'ai pas les yeux très en face des trous aujourd'hui. Ne vous inquiétez pas, mon petit doigt me dis que la prochaine, c'est la bonne ! on lance les paris ?".
En plus, c'est pas comme si je n'avais rien à faire, la preuve, je profite de ce temps libre inespéré pour venir vous raconter ma vie. Ne suis-je donc pas une personne prévenante ? Et ma soutenance alors, elle va se faire toute seule ?

Là, ce n'est plus une simple flemme passagère, mais une flemmingite aigüe, que dis-je, une asthénie saupoudrée d'apathie et d'une pointe d'aboulie léthargique qui me tombe dessus comme la foudre en plein cœur. Si le téléphone n'existait pas, peut-être, je dis bien peut-être que j'aurais pris mon courage à deux mains et accomplis mon devoir avec gravité.

Mais là, une touche, un bip, un allo avec une petite voix... C'était si tentant...

Pardon.


Barcelona

dimanche 12 septembre 2010

Mic-mac-aron






















Certes, ce n'est pas du grand art. Certes, ils ne ressemblent pas à ceux de la boulangerie.
Mais tout de même, qu'est ce que c'est jouissif, pour la piètre cuisinière que je suis, de réussir ses premiers macarons !

(surtout quand on n'a ni thermosonde, ni mixer, ni four à chaleur tournante, ni poches à douille ni  plaques perforées)

Bon, bien entendu, il est clair que je n'ai pas improvisé. Mais comme je suis sympa, je vous laisse ma recette !
(cf ce blog !)

Ingrédients (pour une plaque 12 petits ou 6 grands macarons)
50 gr de poudre d'amande très fine (mixée ou tamisée)
80 gr de sucre glace
50 gr de blancs d'oeuf (un blanc et demi)
20 gr de sucre en poudre
1 càc de cacao en poudre (pour la couleur)

Mélanger la poudre d'amande, le sucre glace et le cacao. Monter les blancs en neige. Saupoudrer le sucre en poudre en pluie sur les blancs en neige (en continuant de les battre). Incorporer doucement la meringue française (mélange blancs en neige et sucre en poudre) au mélange poudre d'amande, sucre glace et cacao.

Préchauffer le four à 180°C.
Laisser croûter à l'air libre en attendant que le four atteigne la bonne température.
Cuire 15 mn à 180°C.

Préparation de la ganache choco café :
- 5 cl de crème liquide
- 70 gr de chocolat noir
- une noix de beurre
- 1 càc de café soluble

Faire chauffer la crème liquide et le beurre, y faire fondre le café soluble. Hors du feu, ajouter les carrés de chocolats et remuer jusqu'à ce que le chocolat fonde.
 
Remplir une coque de macaron sur deux. Refermer et mettre au réfrigérateur pendant au moins une heure pour que la ganache tienne.


Je ne vous conseille pas la ganache, la prochaine fois j'essayerai plutôt amande ou noisette. La pâte, en revanche, est géniale !


Ne me remerciez pas.


Vanessa Paradis- Il y la là

 


lundi 30 août 2010

Le retour du Jedi.


















"Tiens, une revenante", allez-vous penser.  "Encore un blog à l'abandon", se seront dit d'autres. 
Et pourtant, me revoilà.

Voilà très exactement trois mois que je n'ai pas eu le courage d'affronter la page blanche. Trois mois pour reprendre une bouffée d'oxygène, et aussi, retrouver l'envie d'écrire. Trois mois à guetter ce chatouillis au fond de la gorge et les mots jaillissant dans mon esprit à la tombée de la nuit. Un néant littéraire  hasardeux à affronter, et, je vous l'accorde, quelque peu honteux à assumer.

L'été 2010 fut riche en émotions. Tout commença au moment où le point final de mon mémoire grava de son poinçon le dernier mot de la dernière ligne de la dernière page de mon interminable calvaire, marquant les premières heures de ma liberté retrouvée. Je n'oublierai jamais cette intense satisfaction à signer l'émargement du devoir accompli, imprimé, relié, rendu et bonnes vacances. J'avais limite envie de laisser une petite nota bene dans la marge, "Ainsi soit-il" ou un truc dans le genre. Malgré mes élans d'amour envers l'humanité toute entière, je calmais mes ardeurs lorsqu'une de mes profs, une dame (plutôt) gentille, (assez) grosse et (très) maternante, me prit dans ses bras et m'embrassa sur les deux joues. Je prenais le train pour Lyon où je retrouvais ma copine C pour le temps d'un week end. 

Les premiers instants de liberté, surtout lorsqu'on a le sentiment d'avoir accompli un exploit, sont emprunts d'une saveur délicieuse, d'une fierté délicate, d'une fragilité presque doucereuse. Je me rappelle, marchant dans la lumière du soir, le bruit des restaurants, les discussions futiles et le claquement des talons sur les pavés, la lourdeur de l'air sur les jambes et la curieuse découverte d'un avenir encore incertain.

Des pas qui me conduisirent, un peu plus tard, dans le train suivant, celui qui me ramenait en enfance. Deux semaines à jouer à la bataille navale, à Koh Lanta et à la chasse au trésor. On redevient plus facilement enfant que je ne le pensais. On a du mal à se résigner à redevenir raisonnable. On voudrait rester dans cette bulle, entouré des rires et des cris de gamins qui nous tapent aussi, par moment (souvent), sur le système. Mais il faut bien rentrer aussi, un jour.
Leeees jolies colonies de vacaaances, Merci maman, merci papa , Tous les ans, je voudrais que ça r'commence, You kaïdi aïdi aïda.

Le mois de juillet fila donc à la vitesse d'un éclair à l'odeur de pollen, d'iode et de vitamine D. Et puis, on a replié les tentes, on a rangé les sacs de couchage et on a franchi la porte d'un nouveau stage. 
C'était pas marrant. C'était même un peu triste, le retour à la vie réelle. 

Et puis, c'est comme tout, on s'habitue. J'ai fini par retrouver mon compte dans les yeux des petites crevettes de 1400 grammes qui tétaient difficilement leur biberon de 12 ml, en faisant des pauses pour reprendre leur souffle. 
J'ai fini par me réhabituer au bip des scopes, à la pénombre un peu silencieuse de la salle des couveuses et à l'odeur de la peau de bébé. 
Maintenant, quand ils partent, je suis un peu triste, quand même. Mais c'est le juste retour des choses, de les laisser rentrer chez eux. C'est bon signe, ça veut dire qu'ils vont mieux. 

Et puis, enfin, le moment qu'on redoutait a fini par arriver. Le Piuk est parti loin.

Nous voici parvenu à la fin d'un été. Encore un été, et une nouvelle page qui se tourne. Ce sentiment d'être arrivé à une étape, comme de franchir un  nouveau cap. Difficile à expliquer, mais  il me semble avoir trouvé cette sérénité nouvelle, comme si chaque chose avait enfin commencé à trouver, progressivement sa place. Un été où j'ai eu le temps de me poser des questions, et (une fois n'est pas coutumes), où j'ai eu l'impression de trouver les bonnes réponses.

Nyctalopia a décidé d'arrêter d'être cynique. 
Nyctalopia a décidé d'y croire.
Nyctalopia a décidé que les gens pouvaient (aussi) être bien.
Nyctalopia a décidé de devenir bonne (au sens littéral du terme)

Bon, ok, Nyctalopia vit aussi peut-être un peu dans le pays de Candy. Mais finalement, entre une vie sans rêver et un rêve qui sent la vie, je préfère la deuxième.

Sinon, j'ai aussi un nouveau numéro. J'ai été tentée, l'espace de quelques secondes, de ré-enregistrer mon répondeur avec le message suivant.

Bonjour, bienvenue sur mon humble messagerie. Comme vous pouvez le constater, je ne décroche pas, cela signifie donc que :
a) je ne veux pas vous parler
b) je suis (encore) en train de faire une sieste
c) je suis actuellement occupée. 
Si vous êtes d'humeur joyeuse, ou, au pire cordiale, soyez contents ! En effet, vous avez la possibilité de me laisser un message, auquel il est actuellement possible que je réponde un jour ! C'est à vous !

Et puis, je me suis dit que c'était un peu trop ironique pour la nouvelle Nyctalopia que j'étais devenue. Alors, je me suis contentée de laisser un message plus commun, quelque peu banal

Enfin, finalement, la normalité, n'est-elle pas subjective à chacun ?