jeudi 29 avril 2010

Quand on est Con... on est Con.


















Je reprends la plume car je me doute bien que ma vie pleine de rebondissements manque intensément à votre quotidien. 

Aujourd'hui, mes chers lecteurs, aujourd'hui a eu lieu un incident qui marquera à jamais ma vie toute entière. 
Aujourd'hui, première fois de mon humble carrière de professionnel de santé, aujourd'hui, jeudi 28 avril 2010, aujourd'hui, prestement, intensément, éminemment...
Aujourd'hui est le jour où j'ai (genre vraiment) eu envie  de boxer un patient.

Je sais qu'il n'y a aucune fierté ni dignité quelconque à retirer de ce type de réalisation personnelle que je caractériserais de primaire. Cependant, je tiens à préciser pour ma défense que j'étais jusqu'à présent une élève infirmière exemplaire. Une élève infirmière qui souriait même aux murs, qui chouchoutait avec amour ses patients, et qui se mesurait à rester calme même dans les moments où n'importe quel individu normalement constitué aurait littéralement pété un câble. 

Il fallait que ce jour arrivât, où la tempête fît rage et je ne serais plus jamais la même. Ce jour où, quelqu'un réussirait à pousser ma patience à bout.
Ce jour là est donc venu.

Il était 6h45 lorsque, comme tous les matins, mes pas me conduisirent à la dernière marche des derniers escaliers du dernier étage de la clinique, qui menait au service de chirurgie orthopédique Mes yeux encore ensommeillés, dont la vivacité proportionnelle à mes heures de sommeil était à peu près équivalente à la luminosité extérieure, scrutaient la liste des patients, naviguaient de noms en noms, triant les blocs du jours, les entrées de la veille, les sorties du matin, et tentaient de fournir laborieusement au cerveau les informations que nécessitait la journée à venir. Chose difficile, vous en conviendrez, à 6h45, et, qui plus est, lorsqu'on est moi et qu'on est (vraiment) pas du matin.
Jusqu'ici, tout était donc tout à fait identique à chaque jour que Dieu fait, et rien ne semblait annoncer le bouleversement dont cette journée aller être porteuse.

En bonne petite apprentie, je cumulais donc les activités si bien que la matinée passait à une vitesse un peu folle. Je visitais donc mes patients, distribuait les médicaments, réglait le débit des perfusions, injectais des antalgiques, posais des antibiotiques, vérifiais méticuleusement les pansements, tout en allant chercher des bassins, prenant des températures, faisant des admissions, assistant à la visite des chirurgiens, et le tout (presque) en même temps. Sinon ce fut même plutôt cool, parce que ce matin, c'était "assez calme".

Mon humeur était donc au beau fixe lorsque je quittais la chambre d'un de mes patients pris en charge par moi même, avec lequel je venais de passer un moment assez conséquent, temps nécessaire à une aide à la toilette, à la réfection d'un lit avec quelqu'un dedans (jamais fait ? vous devriez essayer, c'est "sympa", surtout lorsque la personne pèse 80 kg et refuse de bouger son petit doigt de pied, chose qui pourrait être accessoirement quelque peu utile),  une ablation de drain (geste effectué pour la première fois hier, et qui, comme tout geste nouvellement effectué me paraît doté d'un surprenant attrait, surtout lorsqu'il faut couper les petits fils avec le petit scalpel et que j'ai l'impression d'être dans Grey's Anatomy) et d'un pansement de prothèse de genou.

Bref, j'étais donc complètement heureuse d'avoir enfin terminé avec ce patient ô combien agréable (un con), ô combien bavard (qui n'ouvrait la bouche que pour se plaindre) et ô combien aidant ("aïe").
C'est à ce moment là où, toute guillerette, je rangeais tranquillement mon petit chariot, que l'ASH vint me trouver avec un air de "tu ne va pas être contente", afin de m'expliquer qu'elle venait de passer dans la chambre de ce cher monsieur et qu'il lui avait gentiment expliqué que (je cite), une élève lui avait fait son pansement, "une fille pas très compétente qui n'arriverait sûrement jamais à devenir infirmière, qu'en plus elle avait renversé du pipi sur le lit et qu'elle avait même pas nettoyé, franchement je vous jure".
Le cher monsieur avait en effet un peu la honte d'expliquer à son amie l'ASH qu'il avait malencontreusement renversé un peu d'urine en attrapant son pistolet et en voulant viser avec son (petit) kiki. C'est vrai que c'est plus facile d'accuser "la ptite étudiante", qui plus est, n'est pas une lumière.

En entendant ça, l'infirmière a poussé un soupir de rage, a franchit le couloir à grandes enjambées (elle est petites mais elle avait sa tête qui faisait peur) et est entrée en furie dans la chambre en expliquant à ce cher monsieur que "son" élève était exemplaire, douée, compétente, et qu'il n'avait aucun droit de faire un quelconque jugement de valeur, surtout vis à vis de quelqu'un qui s'occupait de lui comme je le faisais. Elle a conclu d'un très clair "au revoir monsieur" et est ressortit de la chambre aussi sec. 

Moi, j'étais contente.
Et le con, il savait plus où se mettre.
Et le voisin, il était bidonné.


samedi 24 avril 2010

...




















Il y a des jours comme ça où il aurait mieux valu ne pas se lever. Honnêtement, je dirais que cette journée arrive en tête du Top 10 des journées 2010 les plus pourries.

Au réveil, en ouvrant les yeux, on essaye de se convaincre qu'en fait, la soirée d'hier, toute cette merde, c'était un rêve. Mais en fait, non. Dommage, vraiment dommage.Enfin tant pis.

Et puis la journée file, interminable. On se dit que ça ira mieux demain, qu'on est juste de mauvaise humeur et que ça va passer. Mais en fait, ça ne passe pas, ça empire.

Et puis, finalement, tout est fini.
Comme ça. Point final.
Simplement.
C'est propre, c'est net, on m'a apprit à faire les choses bien.
Encore un putain de coup de poing final.

Et le pire, c'est qu'on l'a mérité.
C'est ça, le Karma...


samedi 17 avril 2010

Volvic dans les prés...

















Bonjour bonjour.

Vous m'avez manqué, soyez en contents. Pendant ces sept derniers jours, je n'ai eu de cesse de tourner vers vous mes pensées, en me demandant à moi même : "Que sont-ils en train de faire en ce moment ?", "Vont-ils me laisser des mots doux durant mon absence?", "Est ce que, moi aussi, je leur manque ?"

(Vous l'aurez compris, qu'il a-t-il d'autre à faire en Auvergne que d'explorer les recoins les plus intimes du cœur humain, tout en se posant des questions existentielles qui, à coup sûr, feront avancer le cours de sa vie ?)

Comme vous le savez, je viens de rentrer d'une semaine de vacances en famille que je pourrais qualifier de "environnementalement bucoliques", de "thermiquement vivifiantes" et de "relativement sportives".

Ainsi, au cours de ce séjour en Auvergne, j'ai pu acquérir quelques petites choses susceptibles de contribuer à votre culture personnelle, et qui, j'en suis certaine, ne vous intéresseront pas.

En effet :

- J'ai appris qu'il existe des gens dans cette Europe, ce Pays, cette France, des humains qui vivent sans télé, sans téléphone portable, sans Cosmopolitan. (par contre, je n'ai pas pu percer le secret du "Mais comment font-ils ?")

- J'ai appris qu'il fallait 15 litres de lait pour fabriquer un seul St Nectaire fermier, et c'est peut être la raison pour laquelle je me suis sentie un peu "lourde" après cette gigantesque fondue de St Nectaire au cours de laquelle je m'en suis enfilé un entier moi toute seule.

- J'ai appris que le plus grand volcan du monde mesurait 26 km de hauteur et avait un diamètre de 600 km et qu'il était sur Mars.

- J'ai appris que, loin d'être les précurseurs de la troisième dimension, l'image 3D avait connu ses prémices au 16ème siècle, époque à laquelle avait été découvert le Stéréoscope qui permettait, grâce à une plaque de verre, de donner du relief à une photographie (cette information m'a grandement intéressé, à côté Avatar... pff !)

- J'ai appris qu'on pouvait avoir des courbatures aux mollets (si si, je vous assure).

- J'ai appris que la vie familiale était parfois assez ardue et pouvait nécessiter le recours à une grande maîtrise de soi (j'ai d'ailleurs appris par la même occasion qu'il était chose plus aisée de supporter la promiscuité en ville qu'à la campagne).

- J'ai appris que Merlin avait été amoureux de Vivianne, la Dame du Lac et que c'était lui qui lui avait appris la magie, et que c'était elle qui avait élevé Lancelot.
 (Ne me demandez pas le rapport avec l'Auvergne, il n'y en a pas. Enfin, celui-ci est indirect, étant donné que je n'avais pas anticipé ce déficit d'activité purement occupationnelles, j'ai donc, après la dégustation vorace des œuvres littéraires que j'avais prévu à cet effet, fini par me lancer dans la lecture du livre de français de ma sœur, qui étudie les aventures des chevaliers de la Table Ronde, entretenant par ce biais ma culture chevaleresque.

Avez vous d'ailleurs entendu parlé de l'amour courtois ? Cette notion fort mystérieuse liait un chevalier à sa Dame, tout ce qu'il faisait il le faisait pour elle et s'adonnait à sa tâche. avec extrême dévouement. Enfin "courtois, courtois", celui de Lancelot et de Guenièvre ne l'est pas resté très longtemps. Bref, je ferme la parenthèse qui va finir par être plus longue que mon article.)


- J'ai appris que le printemps n'est pas universel, et encore moins français. En effet, il y a des endroits où en fait, c'est encore l'hiver. Même qu'il neige encore. Moi qui croyais que nous allions gaiement nous promener bercés par la mélodie du pépiement des oisillons sortis du nids et des papillons butinant les boutons justes éclos, disons que j'avais occulté une (toute) petite partie de la réalité.
Et par la même occasion, j'ai appris que la prochaine fois que je pars à la montagne en été, je prends un bonnet. (Et une écharpe.)

- Sinon, je suis rentrée dans un cratère de volcan et même que c'était le volcan de la pub Volvic. Si-si-si.

Enfin bref, il est vrai que changer d'air, ça fait du bien
(Surtout pour se rendre compte qu'on est quand même bien chez soi aussi.)

Le retour fut une expédition fort paisible. Après de longues heures de voyage tout à fait sereines et reposantes, au son du doux fond musical des sonorités suraigües en provenance de la banquette arrière, ponctuées par quelques sanglots, eux, légèrement plus graves, nous arrivâmes sur les coups de 16h24 en ce vendredi après midi d'avril.

Nous étions si guillerets de retrouver le soleil que plus rien ne pouvait désormais nous atteindre, pas même la mauvaise humeur de la Mati qui me reprocha d'être allée prendre une douche au lieu d'aider comme une bonne fille au déchargement de la voiture. Chose tout d'abord complètement infondée, j'avais en effet déchargé mon sac et si tout le monde avait fait pareil, ça aurait été largement suffisant. De plus, je puais, c'était un fait, et j'ai donc préféré participer à la sauvegarde familiale en dispensant ce doux parfum savoureux à mes proches. Toujours est-il que ce geste avait été interprété comme un geste de sciemment lâchage des corvées familiales.

Je me contentais donc acquiescer bravement  à toutes ces tentatives inabouties visant à atténuer la magie de cet instant, quand la Mati m'annonça, tout en vidant la glacière, d'un ton totalement froid et dépourvu de sentiment, que je devais faire du tri dans mes affaires. En effet, elle venait de décider subitement que mes innombrables chaussures traînaient depuis trop longtemps dans le débarras, que je remplissais à moi seule deux étagères entières, et que si tout le monde faisait pareil, ça ne tarderait pas à ne plus être un terrain humainement praticable. Elle souhaiter donc simplement m'informer que lesdites chaussures joncheraient bientôt le sol de ma propre chambre, parce que bon  quand même, "faut pas exagérer".

J'avoue que cette information m'a tout de même un peu oppressé (comprenez-moi, cela faisait très exactement 22 minutes que nous avions franchi le portail, et on me parlait déjà de chaussures, alors que je rêvais de clope, de short et de bisous).

Enfin, j'ai tout de même ponctué la tirade d'un très clair "ouiiii Maman", avant de passer la porte et de m'échapper au volant de ma brave petite voiture. (Elle aussi m'avait manqué.)

Vous aurez donc compris que cette information entra par une oreille et sortit aussitôt par l'autre.
C'est seulement à mon retour de la plage, lorsque je retrouvais ma chambre après quelques heures passées à récupérer mon quota de vitamine B en déficit, allongée sur les rives de l'océan Atlantique, bercée par le doux son des vagues, des rires des enfants et de la brise marine, ayant occulté tout détail désagréable de mon esprit, que je les vis.

Elles étaient là. Bien là.
Un monticule de chaussures, trois sacs poubelles remplis à ras-bord.
Pauvre de moi. 
Je n'y ai pas encore touché, je suis dans le déni
Il le faudra bien, pourtant. Peut être demain.
Sans parler de mon sac que je n'ai pas vidé, des vêtements éparses qui gisent sur le lit. Ma vie est  nulle.

Et sinon, je tiens à souligner que je suis sûre qu'il n'y a pas beaucoup de gens qui ont l'habitude de fouler du pied le flanc d'un volcan et l'écume d'une vague dans la même journée. 

Je me suis dis que rien que ça, ça méritait bien un article.



Manu Chao, Me gustas tu.



PS : J'ai décidé que pour fêter l'arrivée des beaux jours, il n'y avait pas de raison pour que mon pauvre blog reste le seul vêtu de noir. J'ai donc innové dans la nouvelle collection printemps-été, j'espère que cela vous plaira. 

PS2: (Si ça ne vous plaît pas, c'est pas grave.)


vendredi 9 avril 2010

ça mousse, entre toi et moi, j'ai la peau douce, comme de la soie...






















Une journée au goût de Mouss, de Soleil et de Pissenlit.
Une journée dopée à l'Endorphine, à la Dopamine et à l'Adrénaline.


Une bonne première journée de Vacances.

Il y a des trucs chouettes dans la vie, quand même.

(Bon okay, je vous l'accorde, ces derniers temps je ne me foule pas trop le ciboulot pour ce qui est de la longueur et la qualité de mes articles. Bien que je tienne à vous présenter mes plus plates excuses pour ce détail totalement insignifiant (c'est vrai quoi, je vous le demande, à quoi donc peut bien servir un blog si ce n'est à écrire des trucs inutiles ?), je tiens cependant à vous faire remarquer en toute impunité que je ne vois pas pourquoi, si je suis physiquement en vacances, mon cerveau n'aurait pas le droit de l'être aussi. Voilà.)


mercredi 7 avril 2010

Adieu Veaux, Vaches, Cochons... Amphi !
















Last partiel oveeer !!!



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piiiiiiii !

(NB : Chers collèges, je vous prie de ne pas prendre le titre de cet article avec amertume. Loin de moi l'idée tout à fait infondée de vous traiter de porcs (quoi que j'avoue que cette pensée m'a déjà (très) légèrement effleuré l'esprit (parfois) ), mais je voulais un titre frappant, un titre in, un titre choc. Sachez le, je vous aime quand même.)

dimanche 4 avril 2010

Flash Back





Oui oui ouiii... Je sais que je te délaisse Blog, inutile de te plaindre. Tu devrais plutôt t'estimer heureux que ta maman ait une vie sociale bien remplie, enfin..


Bon, pour te faire patienter, sache que j'ai déniché dans le fin fond des mes dossiers toujours si parfaitement rangés, grâce à ma petite maniaquerie habituelle et mon sens de l'ordre tellement naturellement beau, quelque chose dont l'existence m'était inconnue.

C'est une sorte de fable que je ne me souvenais même plus avoir écrite, elle doit dater de bien longtemps, période troisième ou seconde, je dirais... J'ai trouvé ça mignon, enfantin tout plein, c'était du temps où ma belle innocence était encore intacte...

Attention attention, en exclusivité, version ni revue, ni corrigée ;)


(Piuk, si tu passes par là, peux-tu me dire si ça te rappelle quelque chose ?)


Consigne : Vous rédigerez un Apologue en prose illustrant d’une autre façon la morale de la fable de la fontaine “les deux taureaux et une grenouille”


Un jour, une femme mit au monde deux fils, des frères jumeaux, de magnifiques bébés. Celui qui naquit en premier était plutôt potelé, de large carrure malgré son jeune âge, et à la voix perçante : elle le nomma “Autorité”. Elle eu plus de difficultés à mettre le second au monde : c’était un petit garçon fragile et chétif, au teint pâle et à l’allure malingre. Celui-ci, contrairement à son frère, ne laissa échapper ni une plainte ni un sanglot. Les parents décidèrent d’un commun accord de lui donner le nom de “Sagesse”.

Durant toute leur enfance, les deux enfants vécurent ensemble sous le même toit, mais chaque moindre détail les opposait. L’un était grassouillet, l’autre plutôt maigre, l’un blond, l’autre brun, l’un capricieux, l’autre patient, l’un amorphe, l’autre énergique, l’un audacieux, l’autre respectueux… Lorsqu’ils eurent atteint leurs 17 ans, les parents leur donnèrent à chacun 10 pièces d’or et les laissèrent partir mener leur vie : Sagesse emprunta le chemin de droite, Autorité pris celui de gauche, et ils s’éloignèrent chacun de leur côté, les yeux remplis de rêves, fixés vers leur vie future.


Les années s’écoulèrent les une après les autres, telles un ruban qui se déroule, les parents se firent vieux et moururent.

Pendant ce temps, les deux jeunes hommes avaient tracé respectivement deux vie totalement différentes l’un de l’autre : Sagesse, avait pris pour femme une charmante fille de meunier dont le père lui avait laissé les quelques terres qu’il possédait. Elle lui avait donné deux beaux enfants, et ils gagnaient tous deux leur vie modestement en honnêtes travailleurs, profitant de chaque minute de bonheur que Dieu leur donnait, vivant dans la gaîté et la bonne humeur bien qu’ils habitaient dans une pauvre petite chaumière.

Non loin de là, Autorité, quant à lui, s’était ingénieusement infiltré à la cour du seigneur, avait progressivement gravi les échelons du corps social et avait finalement épousé la fille de l’architecte du roi, qui malgré son âge déjà bien avancé, faisait une épouse idéale pour endosser le rôle du parfait courtisan. Ils vivaient confortablement dans des somptueux appartements non loin du palais, et Autorité était devenu expert en l’art de faire des éloges, sur un ton mielleux et emprunt de flatteries.


Un beau jour de mai, le roi annonça qu’il voulait organiser une grande chasse à courre pour fêter le mariage de sa fille. Tous les courtisans y étaient cordialement invités, et Autorité se faisait une joie de passer une journée entière en compagnie de sa majesté, ce qu’il lui donnait une occasion en or pour se faire remarquer et gagner les faveurs du roi. Ainsi, lorsque le grand jour arriva, un grand attroupement de chiens et de chevaux quitta le palais, les cavaliers vêtus de leurs grands apparats.


La journée fût exténuante mais combien amusante ! Chacun était enivré par l’exaltation de la vitesse, l’excitation grisante de la course, les chevaux écumant lancés à toute allure dans les petits sentiers de campagne, traversant les champs et sautant les fossés. Chacun espérait secrètement que ce serait lui qui aurait le privilège d’apercevoir la proie le premier.


Lorsque la troupe rentra le soir venu, ils affichaient tous des mines hébétées de fatigue, mais les yeux emplis de ravissement de cette journée d’amusement et de rire.


Sagesse, quant à lui, la mine sombre, marchait à pas lents le long de ses terres, découragé et le cœur emplit d’une rage indescriptible, contemplant sa récolte perdue, ses champs saccagés et le travail d’un année réduit à néant, dont le fruit lui aurait permis de remplacer ses outils usés, et peut être même d'acquérir une vache afin de pouvoir offrir à sa famille un simple de lait en plus de la bolée de soupe quotidienne…

Ainsi, de tout temps, on peut dire que les petits ont pâti des bêtises des grands. Il en est toujours ainsi, les gens de ce monde ne prennent pas la peine de s’interroger sur les conséquences de leurs actes, et parfois un simple petit germe de bon sens éviterait de provoquer vainement le malheur d’un autrui dont on ne connait pas le nom.
 

«Tu vois, ce que que je ne comprends pas, c'est pourquoi l'homme, pourquoi ces foutus humains sont-ils tous si mauvais les uns envers les autres... Aussi mauvais ?! Je ne pourrai jamais comprendre ça... »                                                                                        Into the wild


Hard Sun - Eddie Vedder