jeudi 30 juin 2011

Des hauts, des bas, des bas, des bas....

















C'est un fait, ma réflexion ressemble de jour en jour davantage à  celle d'une huître.
Je deviens inintéressante, je me sens inintéressante, et je vis des choses inintéressantes.
Je me fais chier.

Mes journées se déroulent dans un lieu froid, que dis-je, glacé, que ce soit en son âme et son corps.
Les murs sont blancs, tout est propre, tout est désespérément pareillement gelé. Déjà, parce qu'on se caille, mais aussi parce que le plus insignifiant bourgeon de créativité qui aurait un tant soit peut pu faire partie de nous est condamné à être fané dans les plus brefs délais.

Je deviens blasée, pourtant, j'ai toujours dit que jamais je ne voulais surtout pas être blasée. Certes, il y a du stress, mais le stress ne vient pas du fait que nous découpons des gens toute la journée, ça, ce n'est rien à côté de supporter les gens qui nous entourent. Oh non, pas tous les gens. Mais, alors que, chaque jour j'accomplis mon devoir de parfaite petite nurse, j'ai parfois davantage l'impression de tenir le rôle de l'objet transitionnel du gamin qui tape son doudou quand il vient de se faire mal.

Ce n'est que le début, et pourtant, j'ai déjà cette petite aigreur qui aromatise ma vie comme un vinaigre trop âcre. 

C'est paradoxale, car finalement, ce boulot, bah je me dis que je l'aime bien. J'aime bien les copines, j'aime bien l'adrénaline et j'aime bien le côté "je sauve des enfants". J'aime bien avoir l'impression d'être un peu intelligente quand on discute le cas médicaux au restaurant, où comprendre à peu près de quoi il s'agit dans Dr House quand il dit que le taux de créat plombe l'hypothèse de l'insuffisance rénale.

C'est seulement quand je me demande pourquoi je n'écris plus, pourquoi je ne dessine plus, pourquoi je ne lis plus, pourquoi je suis tout le temps fatiguée, que je me rends compte qu'on m'anesthésie petit à petit,  par une bonne dose de cartésianisme salée au Diprivan qu'on m'injecte sans que je ne m'en apperçoive, au compte goutte, jour après jour. Je ne réfléchis plus vraiment, j'enchaîne les actes, plus vite, toujours plus vite, parce que la médecine, ça doit être un petit peu rentable, quand même. Je travaille avec des gens qui gagnent quarante fois ce que je gagne en un mois, qui achètent en ligne des montres à seize mille euros au lieu d'aller boire un café, ou qui partent en Normandie avec leur jet privé le week end. 

Mais en fait, oh que non je ne suis pas jalouse. Je suis blasée c'est tout. 

Alors, tout ce que je demande, moi, c'est qu'on me laisse réfléchir par moi même, qu'on me débride l'esprit, qu'on me rende ma joie de vivre, mon esprit critique et ma naïveté. 

Alors, même si ça va être dur, même si je serai pauvre, même si elles vont me manquer, même si je retourne un tout petit peu en arrière. Oh, je sais tout ça, mais ce sera toujours moins dur que de finir par ne plus rien ressentir.

Hâte.



Evidemment, Evidemment, 
On danse encore, sur les accords qu'on aimait tant,
Evidemment, Evidemment,
On rit encore pour des bêtises, comme des enfants,
Mais pas comme avant.