jeudi 27 mai 2010

Ma main à couper.
















Laissez moi vous raconter cette journée riche de découvertes étonnantes : celles du merveilleux monde magique du Bloc Opératoire. La petite stagiaire que je suis, en bonne élève, sage, gentille et méritante, avait donc gagné le droit de franchir le seuil de ce temple sacré ou le chirurgien est Dieu, ce sacerdoce de la médecine toute puissante, ou l'hygiène est le maître mot. C'est donc mon billet  d'entrée en poche que je suivis le brancardier qui me guida jusqu'au vestiaire, où le bleu était de rigueur. J'enfilais ma tenue de bloc, the exact same model que dans Grey's Anatomy (je le garde en souvenir), si c'est pas la classe à Dallas. Et puis, je poussais la porte, moment auquel je tombais nez à nez avec une infirmière du Bloc. De toute évidence, le brancardier avait profité de mon absence pour faire les présentations.
"Aaah, c'est donc toi, "l'élève"." me fit-elle avec un grand sourire un peu mielleux, lourd de sous entendus.
Elle s'empressa de héler son collègue l'infirmier anesthésiste, attelé à une tâche lambda: "Youhou !  Viens voir ! l'élève est arrivée ! "
Autant vous dire que je me sentais pas du tout observée, bref, tout à fait à mon aise. C'est donc d'un air décidé que je leur emboitais le pas, pour me retrouver dans la petite salle de bloc, où l'infirmière panseuse était déjà en train de s'affairer pour préparer la pièce en vue du "clou-du-spectacle".
Enfin, la patiente arriva sur son petit brancard. L'infirmier anesthésiste, que je collais un peu sur les conseils de l'infirmière "et-en-plus-il-aime-bien-qu'on-lui-touche-les-fesses" (je vais vous décevoir mais je préfère vous le dire tout de suite sans vous laisser espérer davantage : je n'ai point essayé), m'expliqua avec soin toutes les ficelles d'un endormissement dans les règles, du propofol "le produit avec lequel Michaël Jackson est mort", à l'intubation "attention aux cordes vocales", à la ventilation assistée et aux courbes du scope. "Au fait, comment vont Carole et les enfants ?" lui lança l'infirmière en passant.
Après ce fort intéressant entretien, je me plaçais juste devant la patiente pendant que le chirurgien, qui avait fait son entrée entre temps, s'habillait en stérile et badigeonnait le champ opératoire de bétadine. La patiente était désormais réduite à une jambe un peu surélevée, enrubannée dans un magnifique papier bleu du plus bel effet.
C'est alors que les choses sérieuses commencèrent.

"Bistouri" [incision]
"Eh les amis, vous connaissez la nouvelle ?" [découpage]
"Et sinon, vous offrez quoi pour la fête des mères ?" [bzzzzz : scie circulaire - coupage d'os]
"Ma voisine m'a encore soulé ce matin, elle est mignonne, mais pénible." [Bing bing - clou]

Et ça cancane en perçant l'épiphyse, et ça rigole en aspirant le sang, et ça se fait des avances en  rabotant le cartilage. On se croirait un peu au marché. Et au milieu trône un steak géant bétadinée.
"Si tu as des questions, c'est avec le plus grand, mais le plus grand plaisir, que je te répondrai."

On m'avait dit que la chirurgie orthopédique était relativement brutale, en fait ça va. Je me surprends même à trouver ça joli, on dirait qu'il sculpte les os juste comme il voudrait qu'ils soient, au millimètre près. C'est une prothèse de genou, une jolie prothèse en acier couleur aluminium qui brille un peu. Il fait fonctionner l'articulation pour vérifier si tout va bien, la rotule pivote, ça fait un peu Robocope.

Et un nouveau genou pour madame ! avec ceci?

Enfin, deux heures et demi plus tard, on referme tout. Cours de couture. On a du mal à imaginer que quelques secondes auparavant, la rotule ressortait par une ouverture béante. Maintenant, ça fait une jolie guirlande d'agrafes bien alignées. Y a plus qu'à pansementer le tout, et c'est fini. Direction la salle de réveil.

à l'opération suivante, l'anesthésiste m'a demandé d'endormir le patient. Trop cool. Par contre je suis partie avant de voir s'il s'était bien réveillé.
Allez, ce sera la surprise pour demain... !


samedi 22 mai 2010

"Elle a prit 20 piges, piges, piges"

















Nous y voilà. 22 mai. 

Il y a exactement 22 ans, ma mère sentait les premières contractions et ne me portait probablement pas spécialement dans son cœur sur le moment. Mon père, lui devait baliser un peu parce qu'il était en plein dans le déménagement de l'appart qu'on devait quitter pour déménager dans ma ville actuelle. Et puis bon, une première, c'est toujours un peu l'aventure. J'avais donc bien choisi mon moment, comme toujours, pour faire en sorte que tout se passe le mieux possible.

Et voilà le travail. 3 kg 150 de nuits blanches et de couches sales, la classe les parents. Ah, ils m'ont supporté pendant 22 ans, et rien que pour ça je leur en suis reconnaissante. D'ailleurs, personne n'avait tenu aussi longtemps jusque là. Il y a bien M qui n'a toujours pas déposé le bilan depuis onze ans, faut qu'elle se dise que si elle veut arriver à battre le record ça veut dire qu'elle n'a pas encore tiré la moitié de la peine. Dur hein ?

Mais, (minute culture) à part l'évènement pour le moins capital de mon apparition sur terre, savez-vous ce qu'il s'est réellement passé, le 22 mai ?


 22 mai 337Constantin est baptisé sur son lit de mort. 
Constantin Ier, qui donna un nouveau souffle au christianisme, se fait baptiser à l’orée de sa mort. Étant le tout premier empereur romain de foi chrétienne, Constantin participe sans conteste à l’expansion de l’Église en Orient, comme en Occident.

22 mai 1455guerre des deux roses. 
Le duc Richard d'York défait l'armée du roi Henri VI à Saint Albans, au nord-ouest de Londres. Cette première bataille marque le début de la guerre des Deux-Roses qui oppose la maison de Lancastre, dont l'emblème est la rose rouge, à la maison d'York qui arbore une rose blanche, pour la possession de la couronne d'Angleterre. Cette guerre civile décimera l'aristocratie anglaise et affaiblira le royaume. En 1485, le roi Henri VII réussira à réconcilier les Deux-Roses.

22 mai 1885 : Victor Hugo s'éteint.
Le plus grand écrivain du XIXème siècle, Victor Hugo, meurt d'une congestion pulmonaire à l'âge de 83 ans. Le corbillard "des pauvres", comme il l'a souhaité, emportera son cercueil vers des funérailles nationales. Sa dépouille sera ainsi exposée sous l'Arc de triomphe puis portée au Panthéon. Une foule de 2 millions de personnes suit le cortège...

22 mai 1927 :  200 000 morts dans un séisme en Chine.
La terre tremble à Xining dans le centre ouest de la Chine et provoque un des plus terrible bilan humain de l’histoire des séismes : environ 200 000 morts. L’Asie, et notamment la Chine, très peuplée, sont souvent très fortement affectées par ce type d’événement. C’est d’ailleurs dans une région assez proche que le séisme le plus meurtrier se produisit au seizième siècle, faisant 800 000 morts.


22 mai 1939 : signature du pacte d'acier
Les ministres allemand et italien des Affaires étrangères, von Ribbentrop et le comte Ciano, signent à Berlin un pacte d'assistance militaire offensif. Il scelle officiellement l'union des forces de l'Axe déjà définie en novembre 1936 : l'Allemagne nazie (qui a annexé l'Autriche et la Tchécoslovaquie) et l'Italie fasciste (qui a annexé l'Albanie). Le 1er septembre, l'Allemagne envahira la Pologne et déclenchera la Seconde Guerre mondiale.


22 mai 1960 : Tsunami du Chili au Japon
Un séisme de 9 sur l'échelle de Richter, la plus haute magnitude jamais mesurée, se produit près de la côte chilienne. Il déclenche un tsunami ("grande vague dans le port" en japonais) qui détruit tout sur son passage. 2 000 victimes sont recensées au Chili et la vague de 18 mètres se propage jusqu'à Hawaï puis au côtes japonaises. Elle fait des centaines de morts sur son passage.

Que des trucs sympa, donc. Heureusement que ma naissance est venu apporter un peu de gaieté à cette bien sinistre date.

Sinon, regardons de plus près mes jumeaux d'un autre temps :
22 mai 1907 : Hergé
22 mai 1924 : Charles Aznavour
... il y a aussi pleins d'autres gens pas spécialement connus, dont une actrice porno en 1972 mais je suppose que ça n'intéresse personne.

N'empêche que, tout de même, j'ai l'impression de passer un cap. Déjà, c'est la  première et dernière fois de ma vie que mon âge correspondra à ma date d'anniversaire, et ça, il  est important de le souligner. De plus, quand j'avais eu onze ans, on m'avait dit que la prochaine fois que mon âge serait composé du même chiffre, j'aurais probablement le permis, et peut être même une voiture.

Disons que dans onze ans, j'aurais peut être même un gosse. Mmm enfin, pas si sûr... !
Alors qu'est ce que j'aurai dans onze ans que je n'ai pas aujourd'hui ? 
Un appart ? (j'espère bien ouais quand même.) 
Un taf ? (aussi.) 
Un salaire ? (ouaiiiis.)  
Un mec ? (ah bah ça...(cf 10ème ligne))

Bon quand même, du coup, ce que j'aime bien quand c'est mon anniversaire, c'est que j'ai des cadeaux. Comme on dit "c'est pas tous les jours Noël" alors j'en profite. Et en plus, je reçois des fleurs (c'est assez rare pour être souligné), et malgré que les fleurs ne fassent pas l'unanimité chez la gente féminine (je ne vise personne), je proclame haut et fort que moi, bah j'aime les fleurs. Voilà.
Sinon, ce que j'aime bien aussi, c'est ce qu'il y a de quoi manger. Chez nous, le jour de notre anniv, on choisit le menu, et comme on est des ventres à pattes dans la famille bah voilà, en général disons que ce n'est pas le carême.  
Sinon, c'est aussi le seul jour de l'année ou j'ai des fraises et du Coca light pour le petit déjeuner. ça peut vous paraître insignifiant (voir tabou), "mais pour moi ça veut dire beaucoup".
Ensuite, ce que j'aime bien aussi, c'est de recevoir pleins de petits mots doux, j'ai l'impression d'avoir beaucoup d'amis et que tout le monde m'aime. Heureusement ça ne dure qu'un seul jour sur 365.

Enfin voilà, le jour où j'aurai 88 ans, mon âge correspondra cette fois ci à mon année de naissance, mais là, peut être que je baderai un peu. En attendant, je me dis que chaque année qui passe me donne de nouvelles occasions pour concrétiser mes rêves...



On m'a dit "tu n'es que cendres et poussières". On a oublié de me dire qu'il s'agissait de poussières d'étoiles.
Hubert Reeves


mercredi 12 mai 2010

Message d'une pauvre.

















ça y est, le printemps est arrivé.

Le printemps ? me demanderez-vous en scruptant d'un air suspicieux le ciel plus grisâtre que le volcan Eyjafjöll après  l'irruption de cendres.  (en plus de l'air suspicieux, si vous avez une lime à ongle et une canette de jus de raisin, c'est encore mieux (ici).  
Pourtant, si-si-si je vous assure, le printemps est bel est bien là, et ça se voit. 

Déjà, comme dirait mon cher Sousou, pote de blog,  "ça pue l'hormone reproductrice à plein nez". 
(J'en profite d'ailleurs pour faire un peu de pub pour son sympathique blog (un donné pour un rendu ;) ), parce que le brave Sousou il est rigolo tout plein, il est presque aussi modeste que moi et même qu'il joue de la guitare. Si ça mérite pas une petite visite ça.
Mais je ferme ici la parenthèse car si je continue il va finir par ne même plus pouvoir enfiler ses babouches.)

Nous avons donc assisté à la survenue annuelle de ce festival de jambettes en tous genres, de jupettes qui volent à la brise, et de lunettes de soleil mouche,  témoins des premiers cafés en terrasse sur le port. (notez bien mes magnifiques rimes qui, j'en suis sûre, séduiront les plus poétiques d'entre vous.)

Mais ce n'est point tout.  Hier en promenant ma chienne Leelo, qui, truffe au vent, flairait une piste de ragondin  toute fraîche qu'elle s'apprêtait à coup sûr (mais prudence est mère de sureté) à intercepter, notre attention fut soudainement attiré par des piaillements joyeux dont nous  essayâmes d'identifier la source. Nous finîmes donc par nous retrouver nez à nez avec un nid  coincé entre les pierres disjointes d'un mur, rempli à ras bord de petits oisillons pas plus grands qu'un pouce, à quelques centimètres seulement de notre visage. Peut-être d'ailleurs m'ont-il  pris pour leur mère, à la façon dont ils me regardaient de leurs yeux exorbités et criant famine, avec le regard affamé d'un goéland pour un merlan amoureux.
J'ai donc besoin d'avoir une précision essentielle pour la bonne poursuite de ma vie : est-il  honnêtement légitime que je m'inquiète de ma supposée ressemblance avec un lombric ? Je compte, bien sûr, sur votre franchise. Sinon, mis à part cette prise de conscience quelque peu douloureuse, ce fut une rencontre fortuite qui illumina le reste de ma journée d'un certain romantisme emprunt d'instinct maternel.

Ainsi, comme tous les ans à la même période, l'arrivée du Printemps sonna le glas. Plus cérémonieuse que la quête du Graal, plus improbable que l'Accord Parfait, plus idéaliste que la Politique, chaque année au printemps, il nous faut subir la recherche du maillot de bain parfait. Vous savez, LE maillot, celui qui fait des fesses rebondies (mais pas trop), des seins rebondis (un peu trop), et la taille comme une guêpe(hum). Bref,  toute individu de sexe féminin, me plusoirea pour reconnaître que  la quête du maillot de bain idéal peut (parfois) tourner au cauchemar.

C'est donc le cœur inquiet que je franchis, cette semaine, le seuil d'un magasin dont je tairai le nom. Chose que j'aurais, si j'avais été une personne sage et raisonnable, et si mon instinct de survie financière avait été suffisamment tenace et vigoureux, du évidemment soigneusement éviter. Cependant, assommant ma culpabilité d'un coup de gourdin et l'enfouissant au fin fond de ma tête comme je sais si bien le faire, c'est avec gaieté que je (re)découvrais toutes ces merveilles ignorées depuis trop longtemps. 
Partout, des tentations, semblables à des sirènes (d'alarme) qui de toutes parts., nous lançaient de langoureux regards. Partout, des matières fluides dont on imaginait sans peine la sensation de caresse sur la peau. Partout de la dentelle, de la soie, et toutes ces envies de shopping trop longtemps refoulées m'éclatèrent en pleine figure comme une bulle de malabar. Partout, ces couleurs qui brouillaient la vue et étourdissaient mes sens, comme on éclabousse une peinture. 

C'est à ce moment que je LE vis. Il était là, beau, ténébreux, mystérieux. Ce fut aussitôt le coup de foudre. Je sus à l'instant même que cette  rencontre allait changer le cours de mon existence.

(Ne jubilez pas trop vite, comme tout le monde sait que trop de perfection tue la perfection, j'ai décidé de ne pas vous faire grâce de la contemplation photographique de mon corps parfait dans mon maillot de bain parfait. Non non n'insistez pas, c'est non.)





Tryo, Serre-moi


dimanche 2 mai 2010

Well, shake it up baby now




















Vendredi soir, nous avons, mes copines et moi, décidé de fêter dignement l'arrivée du week end et la survenue de la Fête du Travail en mettant en pratique notre sens de la fête. 

Saviez vous que la Fête du Travail date de 1886, où les salariés obtinrent la journée de 8h? Ceux qui n'y avaient pas droit se mirent en grève générale, et c'est ainsi que 340 000 personnes cessèrent de travailler dans tout le pays. S'en suivit moultes bras de fer salariés/ patronat, vecteurs de drames qui finirent par aboutir à l'enracinement du 1er Mai dans la tradition de lutte des ouvriers européens. Il devint la journée de manifestation universelle.
La tradition d’offrir du muguet le 1er mai remonte à la Renaissance et est attribuée à Charles IX, qui en aurait ainsi donné à la cour et à ses proches pour porter bonheur. La fleur aux clochettes est associée à la Fête du travail uniquement à partir de 1907. Et c'est avec l’avènement des congés payés que la vente du muguet dans les rues est apparue.


Bref, c'était la minute culture, et nous avions donc très hâte de célébrer cette fête si importante, ce qui nous poussa à nous rassembler le soir même, prenant nos vélos pour moyen de transport.


Après un petit qui quiproquo concernant l'heure du rdv, c'est avec fougue et entrain que je rejoignais J au Q-G, où elle s'était déjà enfilé sa première pinte de Guiness
Autant vous dire que cette initiale prise de retard me contraria et m'incita à accélérer le mouvement, et c'est ainsi que la joyeuse bonne humeur nous gagna rapidement.

M nous rejoignit par la suite. La soirée commençait bien, surtout lorsque la chanson, la seule, l'unique, la vraie, retentit dans la pièce. Twist and Shout des Beatles. Je ne sais pas d'où me vient exactement cette engouement, peut être ai-je associé dans mon enfance des moments  heureux à cette musique  car elle me transporte à chaque fois dans une euphorie bien particulière. Bref, toujours est-il que cela fut interprété comme un signe annonciateur d'une soirée bien animée.

Si mes souvenirs sont bons, je crois que ce fut le point point de départ de tout ce qui s'ensuivit. Tout d'abord, le radar de J détecta très rapidement l'apparition inopinée d'un Beau Gosse (CONI : Choupinet Orgasmique Non Identifié) dans la pièce, un certain serveur que j'avais un jour retrouvé sur FB (que ce soit clair, c'était bien entendu pour rendre service à ma copine) mais dont je ne vous dirai pas le nom car un blog se doit de rester anonyme. C'est pourtant dommage, étant donné que le nom en question est très drôle, et qui plus est n'est pas tout à fait assorti au personnage. Ceci m'avait fait beaucoup rire et avait quelque peu cassé le mythe, mais bon, le pauvre, ce n'est pas de sa faute si il est né avec un nom comme ça. 

Les yeux papillonnant, nous adressâmes notre plus beau sourire au magnifique personnage qui s'arrêta pour nous parler. C'est à ce moment que je repérai un visage malfaisant en arrière plan, de petits yeux qui lançaient des éclairs, une bouche un peu tordue, une épaisse fumée grisâtre qui sortait par les oreilles, bref, jusqu'ici rien de très anormal si ce n'est que j'avais la désagréable impression que nous étions la principale visée de ce déchainement de haine. 
Informant discrètement mon amie M de ma découverte, nous nous empressâmes de couper court à notre nouvelle amitié avec ce Jude d'un soir, bien que ce geste raisonnable pour notre survie fut tout de même emprunt d'une déception palpable.

Ensuite, de sympathiques voisins nous offrirent des verres, et c'est au bout du 3ème shooter Kiss Cool, que le niveau de nos conversations commença à décliner de minute en minute alors que nous ricanions un peu bêtement. Le kiss cool, ça donne l'haleine fraîche, ça désaltère, ça rappelle les pub pour les chewing gum  ou pour les dentifrices, celles ou la nana se retrouve au sommet du Mont Blanc, symbole de la fraîcheur originelle.

C'est seulement après le 5ème shooter que tout alla très vite. Ne me demandez pas comment, mais je me retrouvai derrière le bar (première expérience professionnelle en tant que serveuse, vous croyez que je peux le mettre sur mon cv ?), où j'appris donc à faire les Mojitos, tout en prenant les commandes des clients et en faisant ma crâneuse. Je profitai d'ailleurs de l'occasion pour me faire payer un verre par le serveur (on ne perd pas le nord quand on est pompette). 
Pendant ce temps, J se trémoussait sur la musique rock'n roll, toute seule sur la piste, et M racontait sa vie à une nana fraichement rencontrée qui avait eu le malheur de lui confier qu'elle était originaire de sa Bretagne natale. Cette dernière termina donc la soirée la tête farcie d'une ribambelle de souvenirs d'enfance de M qui était ô combien heureuse de pouvoir partager tous ces bons souvenirs avec une personne concernée.

Je ne vais pas vous raconter la suite, il est normal que je garde un petit jardin secret,  quelle serait ma vie privée si mes lecteurs étaient au courant de chacun de mes faits et gestes ?

Toujours est-il qu'avant même d'ouvrir les yeux le lendemain matin, je ressentis cette vive douleur au niveau de l'hypocondre, alors que mon cerveau s'affolait en se demandant quelles étaient les raisons de ce malaise général. Et puis, les images de la veille m'apparurent les unes après les autres, les souvenirs me revinrent, c'est c'est alors que, procédant par ordre, les questions fatidiques  s'imposèrent à mon esprit comme à chaque lendemain de soirée un peu trop arrosée . "Ai-je perdu mes affaires ? Ai-je  cassé mes affaires ? Ai-je eu un comportement un peu trop débridé ?"

C'est après avoir répondu par la négative à chacune de ces questions que je me permis de pousser un soupir de soulagement, chose qui provoqua un léger vertige qui fit bouger les murs de la chambre. 

La journée s'annonçait dure...