dimanche 7 novembre 2010

Vous êtes ici.

 


















ça y est

Il est arrivé ce moment, cet instant où toutes les pièces concordent. La clé de ces quatre dernières années, l'aboutissement, le bouquet final. 
Ce moment "qui viendrait bien assez tôt", qui me donnait des palpitations , celui-dont-on-ne-devait-pas-prononcer-le nom
Vous l'avez compris, j'ai nommé le Diplôme d'Etat.

Moi qui croyais que mardi soir tout irait enfin mieux, en fait, ce fut encore pire. L'impression d'avoir tout donné et quand même ce petit goût d'amertume, tant d'investissement pour une journée si longue. Le tout noyé dans une soupe de doutes, de remise en question, et arrosé d'impuissance. 

ça parait bête comme ça, c'est juste un diplôme et finalement, c'est pas si grave. Mais je crois que j'arrivais à un tel point de saturation que mes enjeux eux mêmes avaient perdu toute notion de rationalité. C'était une question de vie ou de mort, une histoire d'amitié, d'appart, de colloc et de nouvelle vie.

J'ai donc passé un certain temps à déprimer, et puis, comme cela ne m'apportait rien de particulièrement palpitant, j'ai décidé de rentabiliser le temps et de commencer à constituer mon CV et mes récapitulatifs de stages, qui, sans prétention aucune, sont irréfutablement teintés de perfection. "Quand même, que je me suis dit au bout de la quatorzième feuille de stage sans conteste dithyrambique, peut-être est-il envisageable que, finalement, je ne sois pas si nulle". 

"Mais tout de même, que je me suis dit : c'est quand même fou." On passe dans tellement d'équipes différentes, dans lequel on doit toujours être irréprochable, pas le droit d'être de mauvaise humeur, mais le devoir de faire le deuil du stage précédent, de se réadapter, d'observer chacun de ces insignifiants petits détails qui, qui sait, un jour, pourront nous être utiles. C'est dingue le nombre de données concernant les relations humaines que j'ai pu apprendre en quatre ans. On répond aux sonnettes, on fait le larbin (un peu) et on prend sur soi (beaucoup), on n'est pas payé, on apprend à piquer, on prépare des injectables, on se fait engueuler, on compte les gouttes et les pilules, on se fait regarder de haut, et pourtant. 

Pourtant pendant tous ces stages, ce qu'on apprend surtout à faire, c'est à se fondre dans la masse. 
En fait, on apprend surtout à devenir un parfait petit caméléon. 
ça, c'est acquis. N'importe où que je sois, dans n'importe quelle catégorie socioculturelle, je sais que je suis capable de m'intégrer parce que  j'ai ce réflexe d'observer et de me calquer sur les autres. Le pire, c'est que ça ne me demande pas spécialement d'effort, c'est juste naturel.

Sauf que voilà. C'est bien sympa d'être un caméléon. Mais il est de quelle couleur le caméléon en vrai ? Hein ? comment je fais, moi, pour savoir qui je suis vraiment ? Je ne voudrais pas devenir comme une chinoise qui parle d'elle à la première personne du pluriel. Je veux la garder, mon identité.
En fait, je me demande un peu si notre personnalité dépend de nous ou de ceux qui nous entourent. On est forcément influencé par les personnes avec qui nous passons du temps. Mais comment pouvons-nous déterminer les frontières de notre personnalité propre ? Le Moi et son environnement sont-ils dissociables ? 
Freud il appelait ça le Surmoi. Mais bon, je crois qu'on ne parle pas exactement de la même chose tous les deux.
En tout cas, ce que je sais, c'est que je n'ai certes pas une âme de leader, mais que je ne suis pas non plus une solitaire. J'ai besoin de cette appartenance à une tribu. En fait je suis peut être plus un loup qu'un mouton, je crois. 

Bref, encore vingt jours à attendre et vous me verrez soit venir vous raconter les aventures de Rachel dans Friends, soit pleurnicher à chaudes larmes en vous disant que ma vie est foutue. 

Hier, c'était donc la dernière soirée de promo. Un soirée au goût d'adieu, de merci et de souvenirs. Le point final d'un chapitre plutôt sympa, finalement. Je crois que c'était indispensable pour réaliser que le moment était venu de passer à autre chose. 
N'empêche, j'ai pris un sacré coup de vieux. Je me rappelle encore ce premier jour de fac de langues, le bac tout fraîchement en poche. Ce n'était pas la même Nyctalopia. Le temps est insidieux et il nous transforme tout petit bout par tout petit bout. On finit par devenir quelqu'un de tout neuf (ou de plus vieux, au choix). 
Alors, dans trente ans, on sera qui ?


Mes petits infirmiers, que vous soyez breton, ventre-à-chou ou poitevin, niortais ou parisien, d'ici ou d'ailleurs, surtout, n'oubliez pas les "ribousoumes" et les "éminemment", les montres swatch et l'accrobranche. Tout doux bijou sur les grumeaux et vive le guronzan. Quoi qu'il arrive, n'abandonnez pas votre culture mots fléchés. Soyez fiers d'avoir appartenu à la best des promos.


Mistral Gagnant