lundi 30 août 2010

Le retour du Jedi.


















"Tiens, une revenante", allez-vous penser.  "Encore un blog à l'abandon", se seront dit d'autres. 
Et pourtant, me revoilà.

Voilà très exactement trois mois que je n'ai pas eu le courage d'affronter la page blanche. Trois mois pour reprendre une bouffée d'oxygène, et aussi, retrouver l'envie d'écrire. Trois mois à guetter ce chatouillis au fond de la gorge et les mots jaillissant dans mon esprit à la tombée de la nuit. Un néant littéraire  hasardeux à affronter, et, je vous l'accorde, quelque peu honteux à assumer.

L'été 2010 fut riche en émotions. Tout commença au moment où le point final de mon mémoire grava de son poinçon le dernier mot de la dernière ligne de la dernière page de mon interminable calvaire, marquant les premières heures de ma liberté retrouvée. Je n'oublierai jamais cette intense satisfaction à signer l'émargement du devoir accompli, imprimé, relié, rendu et bonnes vacances. J'avais limite envie de laisser une petite nota bene dans la marge, "Ainsi soit-il" ou un truc dans le genre. Malgré mes élans d'amour envers l'humanité toute entière, je calmais mes ardeurs lorsqu'une de mes profs, une dame (plutôt) gentille, (assez) grosse et (très) maternante, me prit dans ses bras et m'embrassa sur les deux joues. Je prenais le train pour Lyon où je retrouvais ma copine C pour le temps d'un week end. 

Les premiers instants de liberté, surtout lorsqu'on a le sentiment d'avoir accompli un exploit, sont emprunts d'une saveur délicieuse, d'une fierté délicate, d'une fragilité presque doucereuse. Je me rappelle, marchant dans la lumière du soir, le bruit des restaurants, les discussions futiles et le claquement des talons sur les pavés, la lourdeur de l'air sur les jambes et la curieuse découverte d'un avenir encore incertain.

Des pas qui me conduisirent, un peu plus tard, dans le train suivant, celui qui me ramenait en enfance. Deux semaines à jouer à la bataille navale, à Koh Lanta et à la chasse au trésor. On redevient plus facilement enfant que je ne le pensais. On a du mal à se résigner à redevenir raisonnable. On voudrait rester dans cette bulle, entouré des rires et des cris de gamins qui nous tapent aussi, par moment (souvent), sur le système. Mais il faut bien rentrer aussi, un jour.
Leeees jolies colonies de vacaaances, Merci maman, merci papa , Tous les ans, je voudrais que ça r'commence, You kaïdi aïdi aïda.

Le mois de juillet fila donc à la vitesse d'un éclair à l'odeur de pollen, d'iode et de vitamine D. Et puis, on a replié les tentes, on a rangé les sacs de couchage et on a franchi la porte d'un nouveau stage. 
C'était pas marrant. C'était même un peu triste, le retour à la vie réelle. 

Et puis, c'est comme tout, on s'habitue. J'ai fini par retrouver mon compte dans les yeux des petites crevettes de 1400 grammes qui tétaient difficilement leur biberon de 12 ml, en faisant des pauses pour reprendre leur souffle. 
J'ai fini par me réhabituer au bip des scopes, à la pénombre un peu silencieuse de la salle des couveuses et à l'odeur de la peau de bébé. 
Maintenant, quand ils partent, je suis un peu triste, quand même. Mais c'est le juste retour des choses, de les laisser rentrer chez eux. C'est bon signe, ça veut dire qu'ils vont mieux. 

Et puis, enfin, le moment qu'on redoutait a fini par arriver. Le Piuk est parti loin.

Nous voici parvenu à la fin d'un été. Encore un été, et une nouvelle page qui se tourne. Ce sentiment d'être arrivé à une étape, comme de franchir un  nouveau cap. Difficile à expliquer, mais  il me semble avoir trouvé cette sérénité nouvelle, comme si chaque chose avait enfin commencé à trouver, progressivement sa place. Un été où j'ai eu le temps de me poser des questions, et (une fois n'est pas coutumes), où j'ai eu l'impression de trouver les bonnes réponses.

Nyctalopia a décidé d'arrêter d'être cynique. 
Nyctalopia a décidé d'y croire.
Nyctalopia a décidé que les gens pouvaient (aussi) être bien.
Nyctalopia a décidé de devenir bonne (au sens littéral du terme)

Bon, ok, Nyctalopia vit aussi peut-être un peu dans le pays de Candy. Mais finalement, entre une vie sans rêver et un rêve qui sent la vie, je préfère la deuxième.

Sinon, j'ai aussi un nouveau numéro. J'ai été tentée, l'espace de quelques secondes, de ré-enregistrer mon répondeur avec le message suivant.

Bonjour, bienvenue sur mon humble messagerie. Comme vous pouvez le constater, je ne décroche pas, cela signifie donc que :
a) je ne veux pas vous parler
b) je suis (encore) en train de faire une sieste
c) je suis actuellement occupée. 
Si vous êtes d'humeur joyeuse, ou, au pire cordiale, soyez contents ! En effet, vous avez la possibilité de me laisser un message, auquel il est actuellement possible que je réponde un jour ! C'est à vous !

Et puis, je me suis dit que c'était un peu trop ironique pour la nouvelle Nyctalopia que j'étais devenue. Alors, je me suis contentée de laisser un message plus commun, quelque peu banal

Enfin, finalement, la normalité, n'est-elle pas subjective à chacun ?